Demain, hier

A la fin du mois d’août 2017, à peine huit semaines après être revenu d’une fabuleuse année en Australie, je m’apprêtais à quitter à nouveau ma ville natale de Saint-Nazaire pour neuf mois de voyage autour du monde. La nuit avant mon départ, j’ai écrit le texte ci-dessous, mais sans jamais le publier. Je suis retombé dessus un peu par hasard en avril 2020, en plein milieu du premier confinement dû au Covid. C’était une période très étrange, et relire ce texte m’a soudainement donné l’impression de retrouver le même état d’esprit que deux ans et demi auparavant. J’ai alors décidé de finalement le mettre en ligne, sans la moindre correction, et de comparer mes attentes avec ce qui m’était réellement arrivé. Désormais en novembre 2022, je m’apprête à repartir pour deux mois de voyage en Amérique du Sud, et le timing me semblait parfait pour le re-publier… Suivez-moi à bord de ma machine à remonter le temps !

Demain à 13h je serai à l’aéroport de Nantes, en train d’embarquer dans l’avion qui m’amènera à Québec, de l’autre côté de l’Océan Atlantique. Je dirai à nouveau au revoir à mes parents pour neuf ou dix mois, après être déjà parti un an en Australie en 2016. Cela sera certainement difficile et j’imagine qu’il y aura quelques larmes… au moins dans les yeux de ma mère. Je sais que je dormirai mal ce soir car je suis stressé, excité et un peu apeuré. Demain je serai fatigué et anxieux, et je me demanderai constamment si je n’ai rien oublié… et surtout si je prends la bonne décision. Pourquoi voudrais-je me mettre dans un tel état, complètement secoué par tant d’émotions contradictoires ?

J’écris ceci maintenant car je sais que demain je ne serai plus capable de réfléchir posément. Si jamais j’ai des doutes ou que mon inquiétude devient trop forte, cet article sera là pour me rappeler pourquoi je fais tout cela.

La photo ci-dessus est la vue que j’ai depuis la fenêtre de ma chambre dans la maison de mes parents : un joli petit jardin dans un quartier tranquille de Saint-Nazaire, ville de taille moyenne sur la côte Atlantique. Je ne le reverrai pas avant un long moment, mais à la place je contemplerai des montagnes, des lacs, des océans, je verrai d’incroyables levers et couchers de soleil, je serai ébloui par le ciel étoilé. Je vais probablement manger beaucoup de pâtes et de plats préparés dans les prochaines semaines, mais j’irai aussi dans d’excellents restaurants et je découvrirai des goûts et des saveurs que je ne suis même pas capable d’imaginer. J’échangerai mon matelas confortable contre des lits superposés et des dortoirs d’auberges de jeunesse, mais je rencontrerai énormément de gens partout où j’irai. Je ne m’entendrai pas parfaitement avec tous, mais je deviendrai très proche de certains d’entre eux, et je suis terriblement impatient à l’idée de me dire que je vais peut-être rencontrer de vrais nouveaux amis dès demain soir.

Voilà la principale raison qui me donne envie de repartir : j’ai hâte de rencontrer d’autres personnes à nouveau. Découvrir des endroits à plusieurs, partager des expériences de voyage et faire la fête avec des gens rencontrés une heure auparavant, sans savoir ce qui va se passer et avec le sentiment que tout est possible, c’est presque comme une drogue pour moi. J’adore ça. Je me souviens aujourd’hui de ces deux soirées récentes, à Darwin pour célébrer mes dernières heures en Australie il y a deux mois, et à Prague il y a quelques semaines. Je les ai passées toutes les deux en compagnie de personnes que je venais tout juste de rencontrer, nous savions tous que nous ne nous reverrions probablement jamais, mais ces moments étaient parfaits malgré tout. Cela ne se passe pas toujours comme ça bien sûr, et il faut savoir apprécier ces instants précieux. Un de mes amis m’a dit un jour « great people make great memories », « ce sont les meilleures personnes qui donnent naissance aux meilleurs souvenirs ». Il avait raison.

Je suis prêt à profiter. Je suis prêt à découvrir. Je suis prêt à faire la fête. Je suis prêt à être heureux. Je suis tout simplement prêt pour que la magie opère à nouveau, comme elle a opéré si souvent pour moi pendant l’année écoulée.

Mon sac est rempli ; il est l’heure maintenant d’aller me reposer avant une longue journée demain. A bientôt au Canada !

*****

Alors, que s’est-il passé pendant ces 9 mois ?

Je suis allé dans cinq pays différents, dont deux pour la première fois : au Canada, aux Etats-Unis (à Hawaï tout d’abord, sur le continent par la suite), en Nouvelle-Zélande, au Japon et à nouveau en Australie.

Comme je l’avais imaginé, j’ai vu des montagnes, des volcans, des lacs, des océans, des couchers de soleil et des ciels nocturnes exceptionnels

J’ai visité beaucoup de villes magnifiques : Québec, Adélaïde, Kyoto, San Francisco…

L’un de mes rêves est devenu réalité : partir en road trip dans les paysages désertiques de l’Ouest Américain.

Oui, j’ai mangé beaucoup de pâtes, mais j’ai aussi goûté de nombreux plats pour la première fois, notamment au Japon où j’ai eu le plus gros choc culturel de ma vie.

J’ai traversé des moments difficiles comme à Auckland en novembre, où je travaillais 60 heures par semaine dans deux endroits différents, pratiquement sans vie sociale. C’est ce qui m’a motivé à changer mes plans et à retourner en Australie pour trois mois de road trip entre décembre et février plutôt que de rester en Nouvelle-Zélande.

Je suis retourné à Melbourne, ma ville préférée au monde, et j’y ai même célébré mon 30ème anniversaire le 14 janvier 2018.

J’ai rencontré des dizaines de personnes et certaines sont toujours de bons amis aujourd’hui, comme les trois Danois avec qui j’ai voyagé à Vancouver Island. Je n’oublie pas non plus notre groupe de « Banana Friends » à Maui, les quelques amis que j’avais à Auckland, mes travelmates sur la côte ouest australienne et en Tasmanie, mes compagnons de randonnées aux Etats-Unis, les personnes que j’ai rencontrées en Nouvelle-Zélande lorsque je visitais le pays, et puis bien sûr mon ami Jeff qui m’a rejoint pour deux semaines au Japon…

Et tout cela s’est achevé de la meilleure des manières à la fin du mois de mai à San Francisco, avec cinq jours passés à visiter cette ville géniale et à faire la fête presque tous les soirs avec les gens de mon auberge de jeunesse.

Alors oui, c’était définitivement bien la bonne décision, oui, tout ce que j’imaginais s’est bel et bien déroulé, et oui, la magie a opéré à nouveau, comme je l’espérais. Va-t-elle opérer une fois de plus en Amérique du Sud ?

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