La liberté unique de la vie en van en Australie

Conduire au milieu de nulle part avec des kangourous qui bondissent au bord de la route. Admirer des couchers de soleil dans l’outback. Passer la nuit sous un ciel étoilé. Se réveiller avec le bruit des vagues sur une plage déserte… Ce rêve de liberté est devenu réalité pour moi en juillet 2016, lorsque j’ai acheté un van et que je me suis lancé à l’aventure sur les routes australiennes. Voici le récit des meilleurs moments de ma vie de nomade tout autour du pays, de la côte du Queensland à la plaine de Nullarbor, de la Great Ocean Road à la Tasmanie. Et en bonus en fin d’article, quelques conseils pratiques si vous souhaitez acheter votre propre van !

J’ai effectué deux voyages en van en Australie, le premier seul à mon arrivée dans le pays entre juillet et octobre 2016, le second avec des amis de décembre 2017 à février 2018. J’ai parcouru des dizaines de milliers de kilomètres et passé des heures au volant, et j’en ai gardé des souvenirs extraordinaires. Lister l’intégralité des moments tous plus fabuleux les uns que les autres que j’ai vécus serait beaucoup trop long, c’est pourquoi j’ai choisi d’en sélectionner sept, dont voici le récit !

1. Bingil Bay, Queensland, 24 juillet 2016

Mission Beach, une petite station balnéaire du nord du Queensland, fut la toute première halte de mon road trip le long de la côte est australienne, une semaine après m’être procuré un van à Cairns. C’est là que j’ai effectué l’une des expériences les plus folles de ma vie : un saut en parachute ! Alors que je récupérai de mes émotions sur la plage, j’avais rencontré par hasard une Française qui travaillait dans un bar sur la rue principale. Au fil de la discussion, elle m’avait expliqué que si je ne restais pas plus d’une nuit, je pouvais me stationner sur un petit parking à côté du camping où elle vivait avec son copain à Bingil Bay, à quelques kilomètres. J’ai vite compris en arrivant que cette nuit ne serait pas comme les autres : le parking en question faisait face à la plage ; le ciel nocturne était illuminé de millions d’étoiles ; je me suis endormi bercé par le bruit des vagues et réveillé tôt le lendemain matin pour assister à un fabuleux lever de soleil… Je n’aurais pas pu rêver mieux !

Il y a beau y avoir plus de kangourous que d’humains en Australie, il n’est pourtant pas toujours si simple d’en croiser ! Un mois après mon arrivée je n’en avais encore aperçu que quelques-uns d’assez loin… Mais c’était avant de me rendre à Cape Hillsborough ! J’avais passé la nuit sur un freecamp très basique et je m’étais levé aux aurores pour aller voir le lever de soleil sur la plage, réputée car des kangourous étaient supposés s’y promener à l’aube… et ce n’était pas une légende ! J’étais pratiquement seul (pas plus de 4 ou 5 autres personnes sur une très grande plage), le paysage était magnifique, et la vue de tous ces kangourous bondissant autour de moi dans la lueur du petit matin était extraordinaire.

Cet endroit m’avait été décrit comme un paradis secret par des voyageuses Allemandes rencontrées pendant mon road trip. Elles avaient raison. C’était l’une des plus jolies plages qu’il m’ait été donné de voir, des dizaines de kangourous se prélassaient sur l’herbe tout autour… et j’étais seul ! Le camping était interdit, mais l’endroit était trop beau pour repartir aussi vite et j’ai choisi d’y passer la nuit malgré tout. Rien ne pouvait égaler le bonheur de dormir là sans le moindre autre bruit que le son des vagues… Malheureusement, alors que je préparais mon petit-déjeuner face à deux kangourous curieux, un ranger est arrivé. J’étais persuadé d’avoir droit à une amende, mais il s’est contenté de me dire que je n’aurais pas dû dormir là et de faire plus attention la prochaine fois, tout en me conseillant d’aller faire un tour sur un chemin voisin pour profiter de la vue et du beau temps !

Quel plaisir de conduire pendant deux jours et demi sur cette mythique route côtière tout près de Melbourne… Au programme, un coucher de soleil superbe sur Bells Beach, plage très prisée des amateurs de surf, une rencontre avec des koalas dans une forêt d’eucalyptus, d’innombrables points de vue sur la côte déchiquetée et des formations rocheuses comme les célèbres Twelve Apostles (Douze Apôtres), et même une nuit sur un campement entouré de kangourous !

Une Principauté en Australie ? Et oui ! En 1970, Léonard Casley et son épouse Shirley, un couple de fermiers, ont décidé de faire sécession de l’Australie après un conflit avec le gouvernement de l’état à propos de quotas agricoles. L’endroit a gardé un statut un peu nébuleux jusqu’en 2020, lorsque le Prince Graeme (fils de Léonard et Shirley), criblé de dettes, a fini par dissoudre la Principauté pour réintégrer la nation australienne. Mais à mon second voyage dans le pays en décembre 2017, j’ai eu la chance de visiter ce minuscule territoire en compagnie du prince Graeme, d’acheter des dollars de Hutt River, et même de faire tamponner mon passeport ! J’y avais aussi passé la nuit dans mon van, et comme Hutt River est au milieu de nulle part (Perth est à 600km plus au sud), il n’y a pas la moindre pollution lumineuse. C’est sans hésitation l’un des plus beaux ciels nocturnes que je n’aie jamais contemplés !

Il n’existe qu’une seule route reliant les états d’Australie Occidentale (Perth) et d’Australie Méridionale (Adélaïde). Cette route traverse les immenses plaines de Nullarbor, un nom aux racines latines qui signifie « sans arbre »… Sur plusieurs centaines de kilomètres, toute végétation se limite à des buissons ! Entre Norseman à l’ouest et Ceduna à l’est, il n’y a pas la moindre ville pendant 1200km, rien d’autres que quelques stations services isolées. L’une des sections de cette route n’a pas le moindre virage pendant 146,6km ! Il m’a fallu pratiquement trois journées entières de conduites pour traverser cette région très inhospitalière, mais avec en guise de récompense deux nuits inoubliables sur des campements déserts, des vues superbes sur la Grande Baie Australienne et ses hautes falaises, et une sensation unique d’être complètement seul au monde…

La Tasmanie est sans hésitation la région d’Australie la plus propice à la vie de nomade en van, avec un nombre impressionnants de freecamps tout autour de l’île, souvent même dans des endroits superbes au bord de la côte. Et comme des images sont plus parlantes que du texte, voici une galerie de photos prises lors des deux semaines que j’ai passé là-bas ! Vous voulez en savoir plus ? Jetez un œil aux deux récits que j’ai écrit pour décrire ce road trip : première partie et seconde partie.

Conseils pratiques pour voyager en van en Australie

C’est souvent la première question que beaucoup de voyageurs se posent ! Il n’y a pas de réponse définitive, ces deux options ayant chacune leurs avantages et inconvénients, mais voici une liste de critères que vous devez considérer avant de prendre une décision :

quelle est la durée de votre voyage ? Jusqu’à trois semaines ou un mois, la location sera plus aisée, mais au-delà l’achat peut devenir plus rentable ;

pouvez-vous vous permettre de bloquer quelques jours au début et à la fin de votre trip ? Il y a peu de chances pour que vous craquiez sur le premier van que vous verrez et vous devrez probablement rencontrer plusieurs vendeurs avant de trouver la perle rare, alors que vous pouvez louer un véhicule le jour même de votre arrivée. Idem pour la vente : si vous êtes limité par le temps, vous devrez sans doute accepter des offres plus basses que prévues avec le risque de perdre de l’argent.

quand allez-vous voyager et quel sera votre itinéraire ? La saison et l’endroit sont 2 facteurs clés pour le prix d’un van. Il sera beaucoup plus aisé de vendre un véhicule en été et le prix sera plus haut, tandis qu’il sera moins cher d’en acheter un en hiver. Il est aussi beaucoup plus simple de vendre un van dans les grandes villes comme Sydney ou Melbourne ; si vous comptez par exemple voyager sur la côte est entre Sydney et Cairns, il sera très difficile de trouver un acheteur dans le nord du Queensland et opter pour une location pourrait vous économiser des soucis ;

quel est votre budget ? Acheter un van est plus cher sur le moment que d’opter pour une location, mais pensez que vous pourrez récupérer cet argent ou une partie de celui-ci à la fin de votre voyage ;

est-ce que vous vous y connaissez en mécanique et vous sentez-vous confiants à l’idée de conduire au milieu de nulle part ? Si ce n’est pas le cas, une location avec assistance incluse dans le contrat sera probablement une bonne idée pour votre tranquillité d’esprit. Mais je vous rassure, pas besoin non plus d’être un expert pour s’en sortir !

Il y a quatre manières de trouver un van : les petites annonces en auberge de jeunesse, les messages sur des groupes Facebook de voyageurs, gumtree (un site web de petites annonces) ou bien des bourses pour véhicules d’occasion (uniquement dans les grandes villes). Aucune n’est particulièrement meilleure que les autres, mais faites-en sorte de toujours examiner le van avant de payer quoi que ce soit. Cela peut sembler évident mais certains vendeurs peuvent vous dire que leur offre est « à prendre ou à laisser » avant même que vous ayez vu le véhicule. Si cela vous arrive, une seule chose à faire : fuyez !

N’acceptez jamais d’examiner un véhicule tard le soir même si le propriétaire vous dit qu’il est très occupé pendant la journée : c’est peut-être un moyen pour lui de dissimuler un problème plus facilement visible à la lumière du jour comme une fuite par exemple. Méfiez-vous des chocs et bosses sur la carrosserie, ce qui les a causés peut aussi avoir causé d’autres problèmes moins visibles mais bien plus graves. Faites impérativement un test de conduite, soyez attentifs à d’éventuels bruits bizarres et pensez à tester les freins. Enfin, si vous avez un mécanicien dans votre entourage demandez lui de vous accompagner pour l’inspection ; vous pouvez aussi proposer au vendeur de faire examiner le véhicule dans un garage de votre choix, mais cela sera probablement à vos frais.

Les vans en Australie peuvent dépasser les 400 000 kilomètres : ne soyez pas trop effrayés si vous voyez des offres pour des véhicules ayant déjà 250 000 ou 300 000 km au compteur. S’ils ont été bien entretenus, ils seront encore aptes à rouler encore longtemps. Demandez à voir les factures des précédentes réparations ; si le propriétaire n’en a aucune, méfiez-vous.

Il existe énormément de vans différents, depuis le camion vide à installer selon vos envies jusqu’au véhicule de luxe tout équipé… et forcément beaucoup plus cher. Il est ainsi impossible de donner le « juste prix » d’un van tant le nombre de facteurs qui l’influencent est grand, mais vous pouvez essayer de trouver des offres similaires en guise de comparaison. Quoi qu’il arrive, au final c’est à votre jugement que vous devrez vous fier !

La « rego » (pour « registration », l’immatriculation du véhicule) est un document obligatoire que vous devez avoir pour devenir le propriétaire officiel de votre véhicule ; généralement elle est transférée entre l’ancien propriétaire et vous. Les règles diffèrent entre chaque état ce qui peut devenir un vrai cauchemar pour les backpackers. Cela prendrait un article entier pour détailler toutes les spécificités de la rego (d’autres l’ont déjà fait mieux que moi), c’est pourquoi je me contenterais de vous expliquer ici comment le système fonctionne et à quoi vous devez vous attendre.

Tout d’abord, votre véhicule doit être immatriculé dans l’état où vous vous trouvez et vous devrez fournir une adresse de résidence en guise de preuve… ce qui peut être un problème lorsque vous voyagez dans une maison sur roues ! Alternative, donner une fausse adresse dans l’état où le van est enregistré, si possible celle d’un(e) ami(e), ou bien une auberge de jeunesse. Dans certains états, le transfert de rego peut se faire en ligne mais dans d’autres vous devez être physiquement présent ; encore une complication si vous voyagez autour du pays…

Certains états demandent également un contrôle technique (« roadworthy certificate« ) pour faire le transfert de rego ou faire immatriculer votre véhicule. S’il est ancien, cela peut vite coûter cher. Et ce n’est même pas une preuve que le van est en bon état : l’inspecteur délivrant le certificat n’est pas là pour contrôler en profondeur l’état du moteur !

Enfin, une fois que vous serez parvenu à faire le transfert de rego pour devenir le propriétaire officiel de votre van, vous devrez penser à renouveler celle-ci à intervalle régulier (tous les 3, 6 ou 12 mois selon l’état) car elle n’est valable que jusqu’à une certaine date. N’achetez jamais un véhicule dont la rego est expirée, et ne faites jamais affaire avec un vendeur qui n’est pas le propriétaire légal !

Vous vous dites peut-être à ce stade que ce système est particulièrement compliqué et totalement inadapté aux voyageurs nomades ; c’est vrai, mais il y a une bonne nouvelle. La rego d’Australie Occidentale peut être transférée et renouvelée très facilement en ligne ou par la poste, et cet état ne réclame pas de contrôle technique. Un graal pour les voyageurs… mais les véhicules immatriculés dans cet état sont aussi généralement plus chers.

Voyager en van sur les routes australiennes ressemble à la définition de la liberté : libre d’aller où vous voulez, de passer la nuit dans le lieu de votre choix, de rester au même endroit aussi longtemps que vous le désirez. En réalité, ce n’est pas totalement véridique.

En Australie, vous ne pouvez pas camper n’importe où. A vrai dire, il est même interdit de dormir dans votre van hormis dans certains endroits où cela est autorisé ou toléré. Mais rassurez-vous, vous trouverez de nombreux « freecamps » pour dormir gratuitement un peu partout dans le pays. Ces freecamps ont différents niveaux de confort : parfois ce ne sont que des terrains herbeux ou en gravier sans aucune commodité, parfois ils ont des toilettes, de l’eau potable voir même des douches… mais c’est très rare.

Plus vous vous approchez des zones touristiques et des grandes villes, et plus il est difficile de trouver des freecamps. Vous avez alors le choix entre payer une nuit en camping ou en auberge de jeunesse, rester à l’écart en devant passer plus de temps au volant ou braver l’interdiction pour passer la nuit sur une « day-use area » (où il n’est pas autorisé de rester dormir) ou tout simplement dans la rue. Je l’ai fait moi-même à plusieurs reprises sans jamais recevoir d’amende (bien que j’aie été réveillé une fois par un ranger me disant de partir sur le champ et de ne surtout pas revenir). Essayez de rester le plus à l’écart de la vue possible, partez tôt le matin, respectez l’environnement et/ou le voisinage et tout devrait bien se passer.

Il existe une application que tout voyageur en Australie se doit d’acheter : elle s’appelle Wikicamps, coûte 8$ et est une véritable Bible ! Elle répertorie sur une carte du pays les emplacements de tous les campements (gratuits ou pas), toutes les auberges de jeunesse et tous les « caravan park », mais aussi les « day-use areas » et les points d’intérêt tels que les départs de randonnées, les plages, ou les bibliothèques et les toilettes publiques. Et puis grâce à un système de filtres très bien conçu, cette appli vous servira aussi au quotidien pour trouver la douche la plus proche, des robinets d’eau potable pour remplir vos bidons, des prises électriques pour recharger vos appareils… Vous pouvez également lire les commentaires des autres utilisateurs et regarder leurs photos. Le meilleur guide touristique qui soit pour visiter l’Australie !

La vie de nomade a aussi quelques autres désagréments. Faites attention à l’essence : dans les endroits reculés les stations-services seront dures à trouver et le prix au litre grimpera en flèche. La qualité de l’essence s’en ressent également : le sans-plomb 91 est moins cher, mais si vous l’utilisez en permanence cela finira par encrasser votre moteur. Faites régulièrement le plein avec de l’essence « premium » pour le nettoyer. En ce qui concerne la nourriture, si vous n’aurez pas trop de difficultés à trouver un Coles, un Woolworths ou même un Aldi sur la côte est, cela se complique nettement à l’ouest : vous devrez souvent vous rabattre sur des épiceries telles que IGA où tout coûte nettement plus cher. Essayez de faire des réserves de conserves quand vous le pouvez, et faites-en sorte aussi de toujours avoir assez d’eau avec vous.

L’Australie est un pays immense et le réseau routier n’est pas le meilleur qui soit : en dehors de la côte est où se concentre l’essentiel de la population, seuls les axes majeurs sont goudronnés, le reste n’étant que des pistes poussiéreuses parfois uniquement accessibles en 4×4. Essayez d’éviter autant que possible ces routes en terre et en particulier celles qui sont « corrugated » : littéralement de la « tôle ondulée »… Cela ne fera pas du bien à votre van et vous devrez conduire beaucoup plus lentement, mais parfois c’est le seul accès pour vous rendre à un endroit en particulier…

Malgré tout, une fois avoir dit tout ceci, vivre l’expérience du voyage en van en Australie est l’une des choses les plus incroyables que l’on puisse imaginer et je ne peux que vous encourager à vous lancer : vous ne le regretterez pas !

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