Ma vie à Melbourne - Chapel Street
Depuis le jour où j’y ai mis les pieds pour la première fois en octobre 2016, mon amour pour Melbourne n’a jamais faibli. Il y a d’abord toutes les raisons objectives qui font d’elle une métropole reconnue parmi les plus agréables à vivre au monde : ses cafés et restaurants, sa scène culturelle dynamique, ses parcs et espaces verts… Mais surtout, il y a tous les souvenirs inoubliables que j’y ai accumulés au fil des années ! J’ai voulu vous dévoiler certaines de ces tranches de vie, tout en en profitant pour vous faire découvrir mes lieux préférés de Melbourne. Avec cet article, direction la bouillonnante Chapel Street et les quartiers de Prahran et Windsor !
Pour ma liste de bonnes adresses sur Chapel Street, cliquez ici.
1e partie - 2016/2017
Non loin de la station de train de Windsor au sud de Melbourne, un immense palmier se dresse dans l’une des ruelles à sens unique perpendiculaires à Chapel Street. Impossible de le manquer. Il n’y a aucun autre arbre à proximité, et il domine largement tous les bâtiments qui l’entourent. Au pied de ce palmier se trouve une maison invisible de la rue, masquée par une haute palissade brune. C’est dans cette maison que j’ai vécu certaines de mes émotions les plus fortes en Australie.
Petit retour en arrière. Je suis arrivé à Melbourne à la fin du mois de septembre 2016. Mes premières semaines ont été mitigées, entre recherche de travail infructueuse, séjour dans une auberge de jeunesse particulièrement sale et mésaventures avec mon van… Mais en l’espace de quelques jours seulement, je décrochai un boulot de barista pour la célèbre marque française de luxe Ladurée, et j’emménageai dans cette fameuse maison.
Je me souviens parfaitement du jour de ma visite. La veille, j’avais répondu à une annonce en ligne pour une place en colocation. Un certain Dain m’avait proposé de passer en début de soirée pour voir la chambre qui était disponible et rencontrer les autres occupants. J’étais arrivé un peu en avance et une jolie fille blonde très maquillée m’avait ouvert la porte. Elle m’avait salué avec un accent nord-Américain prononcé et m’avait invité à entrer.
Je l’avais suivie le long d’un couloir sombre au sol recouvert d’une moquette brune pas vraiment de première jeunesse. Il débouchait sur une pièce faisant office de salle à manger, avec plusieurs étagères débordant de nourriture le long du mur de droite et trois frigos à ma gauche. Une large table en bois rectangulaire trônait au centre et plusieurs personnes étaient installées tout autour, en train de boire une bière ou de déguster un verre de vin. Elle m’avait fait les présentations :
« Je m’appelle Leanne. La blonde c’est Steph, elle et moi on vient de Toronto au Canada. Le couple à côté c’est Hillary et Trevor, ils sont Américains.
-De Portland, en Oregon ! avait précisé Hillary avec un grand sourire.
-Ensuite tu as Mayuko qui est Japonaise et Ruben qui est Français lui aussi. Les autres ne sont pas là, mais tu les rencontreras très vite. »
Elle avait poursuivi en me listant les nationalités des colocataires absents ce soir-là. Corée du Sud, Thaïlande, Italie, Pays-Bas… A chaque nouveau pays qu’elle citait, mes yeux pétillaient de plus en plus, tant l’idée de m’habiter dans un environnement aussi multiculturel me plaisait énormément. Je m’étais ensuite présenté à mon tour, puis Leanne m’avait fait visiter. La maison était entièrement de plain-pied. La salle à manger donnait sur une petite cour extérieure en partie protégée par un préau, avec une table de pique-nique et quatre rangées de cordes sur lesquelles du linge était étendu. Il y avait cinq chambres de part et d’autre du couloir : deux dortoirs filles et un dortoir garçons avec 3 lits chacun, une chambre double occupée par le couple américain, et une unique chambre simple, celle qui m’était destinée. Au total, douze colocataires pouvaient habiter simultanément, tout en devant se partager deux douches, trois toilettes, une minuscule cuisine et un salon avec deux canapés défraichis faisant face à un grand écran de télévision.
L’ensemble donnait l’impression d’un énorme manque d’entretien. La télé était posée à même le sol, un carreau fissuré avait été grossièrement rafistolé avec du scotch marron, et le mobilier de la chambre se limitait à un lit, un bureau, une chaise pliante et une penderie. Mais cette maison bien qu’un peu délabrée et de toute évidence trop petite pour accueillir autant de personnes à la fois éveillait un véritable fantasme en moi. Elle m’évoquait l’appartement de l’Auberge Espagnole, l’un de mes films préférés, où le personnage principal joué par Romain Duris s’installe à Barcelone pendant un an en Erasmus. Vivre sous le même toit que onze autres voyageurs du monde entier, c’était la promesse de rencontres, de découvertes, de rires, de joie et de soirées inoubliables. De pleurs, de disputes, de tristesse et de colère aussi, sans doute. Mais plus que tout, c’était la certitude de vivre des moments uniques, de ressentir des émotions intenses, de me construire des souvenirs ineffaçables. Je n’avais pas hésité une seule seconde et j’avais emménagé dès le lendemain.
Mon instinct ne m’avait pas trompé. C’était la toute première fois que j’habitais en colocation et malgré les quelques inconvénients inévitables de la vie en communauté avec un si grand groupe de personnes, j’ai absolument adoré les quelques mois que j’ai passé dans cette maison. Je m’étais très vite bien entendu avec la plupart de mes colocataires, et notamment avec Leanne, Steph, Ruben, Hillary et Trevor, les plus fêtards d’entre eux. Notre première soirée ensemble avait été pour Halloween, quelques jours seulement après mon emménagement. J’avais acheté en dernière minute un masque dans une boutique de farces et attrapes, et j’avais suivi ce petit groupe dans un club de Chapel Street.
C’est ce soir-là que j’ai réalisé à quel point cette partie de Melbourne était un haut lieu de la vie nocturne. Je n’avais jusque-là jamais mis les pieds sur Chapel Street. J’ai découvert un alignement quasiment ininterrompu de bars, restaurants et boites de nuit, allant du quartier de Windsor où j’habitais jusqu’à ceux de Prahran et South Yarra un peu plus au nord. Cette soirée d’Halloween avait été la première d’une longue série. J’ai vite pris l’habitude d’entamer mes vendredis ou samedis soir autour de quelques verres à la maison avec mes colocataires, avant d’aller faire un tour au Wolf, le bar à l’angle de notre rue et de Chapel Street. Nos soirées se terminaient généralement au Lucky Coq, un club 100m plus loin, où nous restions jusque tard dans la nuit. Nous sortions tous les week-ends. Je n’avais plus autant fait la fête depuis la fin de mes études, et j’avais parfois l’impression d’avoir rajeuni de plusieurs années !
Parmi les autres lieux dans lesquels nous allions régulièrement, il y avait entre autres le Tusk avec sa terrasse ombragée, le Yellow Bird pour le brunch du dimanche, Jalisco avec ses mojitos et ses plats Mexicains… Et de temps en temps, nous poussions la porte du Jungle Boy, un bar caché derrière une sandwicherie à l’allure innocente, pour y déguster un « Zombie », un délicieux cocktail à forte teneur en alcool…
Au-delà de ses bars et restaurants, Chapel Street avait une vraie ambiance populaire qui me plaisait beaucoup : une population bigarrée, plusieurs friperies et magasins d’antiquité, un grand nombre de tags et de fresques murales dans les ruelles environnantes que je me faisais un plaisir de dénicher lors de mes balades… L’une de ces ruelles s’appelait même « Artists Lane » !
J’appréciais aussi le mélange de styles architecturaux. Du côté de Windsor, Chapel Street était bordée de maisons à un étage au maximum, aux façades colorées et aux frontons parfois joliment décorés. En arrivant sur Prahran, les bâtiments gagnaient en hauteur dans un assortiment disparate de genres : les colonnades massives du Revolver (une boîte de nuit célèbres pour ses excès en tous genres), l’architecture victorienne du Town Hall ou bien encore l’incroyable Prahran Arcade, mon bâtiment préféré de la rue.
Enfin, même si je préférais nettement le South Melbourne Market, j’allais de temps en temps faire un tour au Prahran Market, à deux pas de Chapel Street sur Commercial Road.
J’ai vécu dans cette maison pendant près de quatre mois, de fin octobre à mi-février. Pour Noël, nous avions organisé une extraordinaire soirée de réveillon en duo avec Tich, l’une de mes colocataires suédo-thaïlandaise. Une vingtaine d’invités, des jeux, des rires, des plats délicieux, en résumé un moment idéal pour oublier le fait que pour la première fois de ma vie, je passais les fêtes loin de mes parents.
Les départs et arrivées de colocataires se sont succédés durant ces quatre mois, chacun étant à un stade différent de son séjour en Australie. J’ai dit au revoir avec tristesse aux deux Canadiennes et au couple d’Américains au mois de janvier, mais j’ai fait la connaissance à la même période de Marine, Française elle aussi. Elle était assez vite devenue mon nouveau binôme de soirée, et j’allais créer des liens d’amitié très forts avec elle. Avec le temps, j’ai perdu contact avec la plupart de mes colocataires (j’ai seulement revu Hillary et Trevor en Nouvelle-Zélande un an plus tard), mais pas avec Marine. Elle vit toujours à Melbourne et nous nous revoyons régulièrement. Elle est désormais maman d’une adorable petite fille, et elle vient de m’annoncer qu’elle était enceinte de son deuxième enfant, quelques jours seulement avec de publier cet article !
Et puis mon tour est venu de quitter la maison, pour aller travailler en ferme pendant trois mois et décrocher mon second Working Holiday Visa. C’est avec beaucoup d’émotion que j’ai emballé mes vêtements et affaires de voyage, ajoutant de nombreux souvenirs dans mon sac à dos. Je n’y ai jamais remis les pieds depuis.
2e partie - depuis 2023
En revanche, je suis revenu à Chapel Street. Et par une drôle de coïncidence, c’est même là que je vis au moment de publier cet article, en mars 2024… Depuis mon retour à Melbourne il y a 12 mois, je fréquente à nouveau les mêmes lieux que sept ans auparavant !
Peu après mon arrivée, j’ai d’abord trouvé une chambre en colocation à l’intersection avec Alma Road, dans le quartier de St Kilda East. Rien à voir avec la maison où je vivais à l’époque. Je n’avais cette fois qu’une seule colocataire (Paula, une Colombienne que je croisais assez rarement). L’appartement où j’habitais était aussi beaucoup plus confortable, propre et bien entretenu. Je n’avais pas vécu dans une chambre aussi grande depuis mon départ de Suisse en 2016 ! En revanche je n’étais qu’à cinq minutes à pied de Windsor et des premiers bars, et à dix minutes du Lucky Coq. Jamais je n’aurais imaginé il y a quelques années qu’un jour j’allais revenir m’installer ici, aussi près de ces endroits qui m’ont marqué pour toujours…
Je suis resté dans cet appartement d’avril à fin octobre. Après une parenthèse de quelques semaines à Glen Iris, un quartier résidentiel plus à l’est, je vis à nouveau sur Chapel Street ! Je suis désormais à l’extrémité sud de la rue, à la frontière entre les quartiers de Balaclava et St Kilda, dont j’aurais l’occasion de parler dans de futurs articles. J’habite avec Igor, un très bon ami Français dont j’ai fait la connaissance l’année dernière. Nous avons actuellement comme colocataires deux autres Françaises, Laurine et Valentine. Elles ont récemment remplacé Lucie, une amie rencontrée lors de ce voyage si particulier en Amérique du Sud en décembre 2022. Elle aussi vit désormais en Australie, et elle a séjourné brièvement avec nous.
J’ai très vite repris mes marques dans ce coin de Melbourne si cher à mon cœur. Rien n’a changé ou presque : le tram au milieu de la rue, les innombrables friperies, le « bip » saccadé caractéristique des feux piétons passant au vert, l’atmosphère un peu fiévreuse des vendredis et samedis soir… Certaines fresques que j’aimais beaucoup ont disparu, mais d’autres n’ont pas bougé et quelques-unes sont apparues entre temps. Les endroits où j’avais l’habitude de me rendre sont toujours là également. Je suis allé plusieurs fois au Yellow Bird, avec Maya (une très bonne amie Française rencontrée à Melbourne en 2016, elle aussi revenue y vivre fin 2022) et son copain Simon. Ils habitaient à quelques minutes à pied de mon premier appartement et m’ont hébergé pendant quinze jours à mon arrivée, mais ils sont malheureusement rentrés en France en décembre dernier. Je suis aussi retourné trois fois au Lucky Coq qui hormis la peinture extérieure n’a pas changé, et j’ai à nouveau goûté au Zombie du Lucky Boy avec Igor.
Contrairement à 2016 où je devais chaque jour faire la route jusqu’à l’immense centre commercial de Chadstone plus au sud, je travaille désormais aussi dans le quartier, à Prahran, dans une petite rue parallèle à Chapel Street. Je suis redevenu barista, dans une boulangerie du nom de Wildflour Bakery dont les présentoirs regorgent de délicieuses pâtisseries… Je passe presque tous les jours devant mon ancienne rue, avec à chaque fois un petit coup d’œil nostalgique vers cet immense palmier, toujours bien droit et qui semble même avoir grandi de quelques mètres ces dernières années.
Finalement, la plus grande différence entre mon premier séjour il y a sept ans et maintenant, c’est moi-même. Je n’avais que 28 ans lorsque j’ai emménagé dans le quartier. J’avais encore assez peu voyagé, exploré, vécu tout simplement. Je savais que j’étais là temporairement, mais je n’avais aucune idée d’où la suite allait me conduire. Je profitais de l’instant, tout simplement. A 36 ans aujourd’hui, j’ignore toujours précisément dans quelle direction s’orientera mon futur, mais toutes les expériences que j’ai vécues ces dernières années m’ont changé en profondeur. Je sais désormais beaucoup mieux qui je suis et ce dont je rêve. Reste à savoir exactement de quelle manière y parvenir… En attendant, même si je n’ai plus autant envie de faire la fête qu’à l’époque (et surtout je récupère beaucoup moins bien !), cela ne m’empêche pas de continuer d’apprécier à sa juste valeur chaque moment de bonheur passé sur Chapel Street.
Mes bonnes adresses et lieux à voir sur ou autour de Chapel Street
Il n’y a pas un endroit précis à voir sur Chapel Street, c’est la rue elle-même qui mérite le détour. Il faut se promener sur toute sa longueur, s’imprégner de son ambiance, admirer l’architecture des bâtiments, visiter les friperies et s’assoir à une terrasse de bar ou de café. Voici quelques bonnes adresses à tester dans les quartiers de Prahran et Windsor :
- Wildflour Bakery : impossible de ne pas commencer par cette pâtisserie située sur St Edmonds Road où je travaille actuellement ! Ne manquez pas les délicieux gâteaux et biscuits préparés par Matilda, la propriétaire des lieux. Accompagnez-les d’un café que je me ferais un plaisir de vous servir !
- Babble Café : excellente adresse pour un brunch savoureux et un très bon service, en face du Prahran Square, à deux pas de Chapel Street.
- Lucky Coq : à l’angle de Chapel Street et High Street, c’est toujours mon club préféré ! L’entrée est gratuite, et l’ambiance toujours excellente.
- Lasagnalab : sur High Street, à une centaine de mètres de Chapel Street, un restaurant de lasagnes, comme son nom l’indique. Plats copieux, parfaits pour partager à deux !
- Yellow Bird : le lieu qui plaira à tout le monde. Le brunch est très bon, les bières aussi, et les tacos à prix réduits du « Tijuana Tuesday » chaque mardi soir sont un vrai régal !
- Henrietta : un excellent restaurant de spécialités du Moyen-Orient, revisitées à la sauce australienne. Un peu plus cher, mais vraiment succulent !
- Jungle Boy : derrière l’innocente façade d’une sandwicherie, poussez la porte de ce qui semble être la chambre froide et entrez dans l’atmosphère tropicale de ce bar caché ! Les cocktails ne sont pas très bon marché mais délicieux, surtout le fameux Zombie.
Enfin les quartiers de Prahran et Windsor regorgent de street art ! Promenez-vous au hasard des ruelles autour de Chapel Street pour vous en rendre compte. Mes fresques préférées ornent les murs de l’énorme bâtiment de Melbourne Polytechnic, œuvres des artistes Guido Van Helten, Sofles et Reka ONE. J’aime aussi beaucoup l’immense robot qui surplombe Chapel Street près de l’intersection avec Commercial Road, peint par le britannique Phlegm. Au niveau de la gare de Windsor, le portrait du basketteur australien Ben Simmons par l’artiste Lynch a été un peu dégradée, mais j’aime toujours beaucoup ses couleurs. Ne manquez pas aussi Artists Lane, une étroite ruelle entièrement couverte de graffitis !
Vous êtes-vous déjà promenés sur Chapel Street ? Avez-vous des suggestions de bonnes adresses dans les quartiers de Prahran ou Windsor ? N’hésitez pas à les partager en commentaire !
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