Road trip en Tasmanie - deuxième partie

Un peu plus petite que l’Irlande, l’île de Tasmanie possède néanmoins une incroyable diversité de paysages. J’y ai passé deux semaines à bord de mon van en janvier 2018, avec l’impression de passer en quelques kilomètres du Canada à la Bretagne, de la Suisse au sud de la France, tout en restant toujours résolument ancré en Australie ! Entre nature, histoire, culture et gastronomie, voici la seconde partie du récit de ces quinze jours de road trip inoubliables. Et si vous comptez voyager à votre tour en Tasmanie, cet article et le précédent vous aideront à planifier votre itinéraire : retrouvez y tous mes bons plans sur les activités immanquables tout autour de l’île, et ma liste des meilleurs spots pour passer la nuit en van gratuitement !

Hobart

Malgré son emplacement si loin des autres métropoles australiennes, Hobart est aujourd’hui une ville très dynamique où vivent un peu plus de 200.000 Hobartiens. C’est notamment l’ouverture du célèbre et très particulier MONA (pour Museum of New and Old Art) en 2011 qui lui a valu une renommée internationale.

Le musée se trouve dans la partie nord de la ville, au bord de la rivière Derwent, dans un énorme bâtiment à moitié enterré. Je m’y suis rendu par la route avec mon van, mais on peut aussi y accéder en ferry depuis le centre d’Hobart. La visite débute en descendant des escaliers en colimaçons pour pénétrer petit à petit dans les niveaux inférieurs du musée, dans un monde radicalement différent. C’est tout sauf une exposition classique. A l’intérieur de ce chef d’œuvre architectural, la plupart de ce qui est exposé est destiné à faire réfléchir, choquer, ou jouer avec les sens perceptions. C’est le genre d’endroits que l’on adore ou que l’on déteste. Je dois avouer que je suis personnellement resté assez sceptique devant un certain nombre des œuvres présentées…

De retour au centre d’Hobart, j’ai garé mon van sur un petit parking à côté de la plage de Short Beach puis je suis monté à pied sur la colline de Battery Point, le cœur historique de la ville. J’ai beaucoup apprécié me promener dans ce quartier tranquille, le nez en l’air pour admirer les nombreuses maisons anciennes qui bordent ses rues. Je suis ensuite redescendu jusqu’au port à quelques pas de là pour faire le tour des bassins avant de retourner à mon van.

Le lendemain, samedi, c’était jour de marché ! J’ai passé un long moment à flâner dans l’immense Salamanca Market qui s’installe une fois par semaine sur la place du même nom.

En début d’après-midi, j’ai repris mon van pour monter sur le Mont Wellington (on peut aussi randonner jusqu’au sommet), qui surplombe la ville du haut de ses 1271m et offre une vue assez exceptionnelle sur les environs ! Attention toutefois au vent parfois très fort : la portière de mon van a failli s’arracher sous l’effet d’une violente bourrasque !

Si la visite du MONA n’a pas entièrement satisfait votre curiosité (ou si elle ne vous a pas plu !), vous pouvez aussi essayer le Tasmanian Museum and Art Gallery dans le centre de Hobart. Je ne m’y suis pas rendu moi-même mais il est parait-il très intéressant !

Tout au long de l’année, de nombreux festivals et événements ont lieu à Hobart. Les plus célèbres : le festival de musique et d’art du MONA, appelé le MOFO (contraction de MONA FOMA « Museum of Old and New Art: Festival Of Music and Art ») en janvier, et sa version hivernale en juin, le Dark MOFO. Mais à l’instar du MONA qui n’a rien à voir avec un musée « classique », ces événements sont aussi très particuliers et pas recommandés à tout le monde…

Lors de mon road trip en janvier 2018, il y avait une tolérance sur la présence des vans en ville à Hobart, du moins à l’écart du centre. J’ai passé deux nuits sur le petit parking à côté de Short Beach avec toilettes publiques à disposition sans que cela ne gêne personne, y compris un agent municipal qui faisait sa ronde et m’avait poliment salué au passage. Tant que vous ne faites pas de bruit et que vous respectez les lieux, tout devrait bien se passer !

Le sud de la Tasmanie

J’ai quitté Hobart en direction du sud le samedi après-midi, via la route côtière entre Kingston et Cygnet, beaucoup plus belle que l’autoroute directe jusqu’à Huonville. C’était à nouveau un régal de conduire sur cet itinéraire, entre points de vue, plages et arrêts photos… Peu avant Cygnet, j’ai fait un crochet par l’un des endroits au nom le plus étrange d’Australie : Eggs and Bacon Bay, la Baie des Œufs et du Bacon ! Mais en-dehors de cette appellation hors du commun, la plage en elle-même n’a rien d’extraordinaire.

Mon but était encore un peu plus loin : Cockle Creek, l’endroit le plus au sud de l’Australie qui soit accessible en voiture ! Il m’a fallu un assez long moment pour y arriver car la dernière partie de la route n’était pas goudronnée et je ne voulais pas lancer mon van à toute vitesse sur cette piste en graviers, globalement bien carrossable mais avec quelques passages plus « mouvementés ». Mais cela en valait la peine… Tout au bout, après une vingtaine de kilomètres, c’est la fin de la route, « The End of the Road » comme le proclame un panneau en bois.

Pour aller plus loin, il faut marcher ! Le lendemain matin, je me suis engagé sur un le très beau chemin en direction de South Cape Bay depuis le campement de Cockle Creek, traversant successivement une portion de forêt tropicale puis de vastes plaines (rando n°9, 15km aller-retour, 4h environ). La splendide baie sur laquelle j’ai débouché se prolongeait en arc de cercle à ma gauche, jusqu’au South-West Cape, le Cap Sud-Ouest, le point le plus au sud de la Tasmanie… D’ici, j’étais plus proche de l’Antarctique que de Cairns au nord du Queensland !

En étant aussi loin au sud du globe, dans la zone des Quarantièmes Rugissants où les conditions climatiques sont réputées pour être rudes, je m’attendais à débarquer dans une région plutôt hostile. A ma grande surprise, j’ai en réalité découvert toute une série de plages paradisiaques, avec une vue magnifique sur les sommets dans le lointain et une eau étonnamment chaude dans laquelle je me suis baigné avec plaisir.

A Kettering, sur la route côtière entre Kingston et Cygnet au sud d’Hobart, vous pouvez prendre un bac pour traverser en une vingtaine de minutes le canal d’Entrecasteaux jusqu’à Bruny Island. Cette île se divise en deux parties distinctes, le nord plus petit et le sud plus vaste, séparées par un isthme très étroit, The Neck. Plus d’informations ici (lien en anglais).

Pour les vrais aventuriers, le sentier de la Côte sud (South Coast Track) est sans doute la randonnée la plus ardue de Tasmanie. Elle débute à Melaleuca, une localité tellement loin de tout qu’elle n’est accessible que par avion ou en bateau : aucune route n’y mène. Tout au long des 85 km du circuit jusqu’à Cockle Creek il n’y a ni eau courante ni possibilité d’hébergement. Ce trek est donc réservé aux marcheurs vraiment aguerris. Plus de détails ici (lien en anglais).

A Cockle Creek se trouvent deux campings gratuits, très rudimentaires (pas d’eau courante, un seul WC) mais quel bel endroit ! Tous deux sont directement au bord de la plage, et le ciel nocturne y est tout simplement incroyable. Les deux étaient pratiquement complets à mon arrivée le samedi, mais ils se sont totalement vidés le dimanche, dernier jour des vacances scolaires australiennes !

My campervan underneath the Milky Way in the far south of Tasmania

Cradle Mountain

De tout mon séjour en Tasmanie, la journée au cours de laquelle j’ai quitté Cockle Creek et le sud pour remonter vers le nord via Hobart, Derwent Bridge et Queenstown aura été la seule avec une météo vraiment exécrable de bout en bout. Si je n’ai du coup pas pu profiter des paysages normalement superbes tout au long du trajet, j’ai au moins eu la chance que cela tombe le jour où j’avais prévu de faire le plus de route…

Cette météo variable est typique de la région de Cradle Mountain : le temps y change extrêmement vite, et ce plusieurs fois par jour. A mon arrivée sur place le matin j’ai été accueilli par un beau ciel bleu ; vers midi il a commencé à pleuvoir ; à 13 h il y avait du brouillard, puis à nouveau du soleil une heure plus tard avant le retour de la pluie à 15h, et de la neige était même annoncée pour la fin de journée ! En guise de preuve, les deux photos ci-dessous ont été prises le même jour, à seulement quelques heures d’intervalle.

Ces conditions climatiques changeantes n’empêchent pas le Parc National de Cradle Mountain d’être l’une des principales attractions touristiques de Tasmanie, notamment en raison de l’Overland Track (voir plus bas), et ce sont des centaines de touristes qui s’y rendent chaque jour. J’ai du laisser mon van sur un vaste parking à côté du Visitor Centre à l’entrée du Parc, puis emprunter une navette gratuite jusqu’au point de départ des différents circuits de randonnée.

J’ai commencé par une petite promenade sur la rive de Dove Lake, un joli lac dominé par la silhouette déchiquetée de Cradle Mountain (rando n°29), puis j’ai pris un peu de hauteur en grimpant jusqu’au point de vue de Marion’s Lookout via Crater Lake (rando n°31), un sentier par endroits assez raide mais avec pour récompense un panorama extraordinaire ! Pour moi s’il ne devait y avoir qu’une seule randonnée à faire au Parc National de Cradle Mountain, ce serait celle-ci.

Pour finir, j’ai poursuivi ma marche jusqu’au sommet de Cradle Mountain (rando n°32). Si les sentiers que j’avais empruntés jusque-là étaient parfois assez difficiles, ils restaient malgré tout accessibles à tous ; ce n’est pas le cas de celui-ci. Certains passages sont pratiquement de l’escalade, sur des sections quasi-verticales ! A déconseiller si vous avez le vertige (la descente a été très difficile pour moi…), et l’accès est interdit en cas de pluie ou de neige. Cependant, là encore la vue à 360° depuis le sommet est sublime !

C’est l’un des treks les plus célèbres d’Australie, au cœur du Parc National de Cradle Mountain : l’Overland Track ! Il commence à Ronny Creek et se termine 65 km plus loin près du lac Saint-Clair, le lac le plus profond d’Australie, avec plusieurs possibilités de variantes tout au long de l’itinéraire. Entre le 1er octobre et le 31 mai il faut réserver et s’acquitter de 285$ pour le parcourir (prix en août 2023 – il est gratuit et sans réservation entre juin et septembre). Attention, pendant la très haute saison (janvier-février) le trek risque d’être complet plusieurs semaines à l’avance ! Retrouvez toutes les informations utiles ici (en anglais).

Si après tout cela vous n’avez pas encore assez marché, vous pouvez aussi explorer les “Walls of Jerusalem”, un des Parcs Nationaux les plus isolés de Tasmanie. Il n’y a pas de route qui y mène, il faut suivre une piste en graviers jusqu’à un parking et bordure du parc d’où partent les chemins de randonnée.

Au vu de l’affluence à Cradle Mountain, je vous recommande de passer la nuit le plus près possible du Parc pour y être tôt le matin et éviter les foules. J’ai personnellement dormi sur un agréable freecamp à Tullah, au bord du lac Rosebery à une heure de route environ, mais il existe probablement d’autres endroits plus proches.

La côte du nord-ouest

Après avoir découvert la Bay of Fires, le Parc National de Freycinet, la Péninsule de Tasman et Cradle Mountain, je pensais que le nord-ouest de la Tasmanie ne parviendrait plus à m’émerveiller. Erreur ! Les derniers jours de mon road trip dans cette région de l’île m’ont encore beaucoup plu. J’ai commencé par aller à l’extrême ouest, jusqu’au petit village d’Arthur River où se trouve un point de vue au nom éloquent : the Edge of the World, le Bout du Monde ! Et j’avais en effet l’impression que la Terre s’arrêtait ici en contemplant cette côte déchiquetée et ouverte à tous les vents.

Spectacle tout aussi impressionnant un peu plus loin à Bluff Point, où les vagues s’écrasaient sur les rochers dans une explosion d’écume…

J’ai ensuite progressivement commencé à revenir vers l’est en direction de Devonport et du ferry qui allait me ramener à Melbourne. Premier arrêt : Stanley et sa fameuse « Nut », la Noix, un énorme rocher d’origine volcanique qui semble posé là, 150m au-dessus de l’océan ! Un petit télésiège mène au sommet, mais j’ai préféré y monter à pied sur un chemin très raide. La promenade qui en fait le tour (rando n°34) offre de très belles vues sur les alentours.

Seconde halte trente kilomètres plus loin à Rocky Cape, le plus petit Parc National de Tasmanie. Je n’y suis pas resté très longtemps, juste le temps de faire une petite balade jusqu’à deux grottes anciennement habitées par des Aborigènes et de conduire jusqu’au phare pour profiter du beau paysage.

Trente kilomètres de plus et je suis arrivé à Table Cape près de la ville de Wynyard, un autre promontoire rocheux qui a la même origine volcanique que la « Nut » de Stanley et où je me suis à nouveau promené le long de la côte. De vastes champs de tulipes entourent le phare à la pointe du cap : le spectacle est particulièrement beau en octobre lorsqu’elles sont en fleurs. Insolite : la production est si importante que des bulbes de tulipes sont même exportés au Pays-Bas !

J’ai ensuite fait ma dernière incursion à l’intérieur des terres jusqu’au Canyon de Leven, une gorge assez impressionnante. On peut l’admirer depuis deux points de vue spectaculaires, reliés par une petite boucle pédestre (rando n°36). Attention, il n’y a pas moins de 697 marches sur le parcours : il vaut mieux commencer par le Cruickshanks lookout et suivre la boucle en sens inverse des aiguilles d’une montre pour descendre les marches plutôt que de les monter.

Enfin, que serait un voyage en Tasmanie sans voir son habitant le plus célèbre, le diable de Tasmanie ? Malheureusement cet animal emblématique de l’Australie souffre d’une tumeur faciale extrêmement meurtrière et leur population décline rapidement. J’espérais en voir dans la nature mais ils sont très difficiles à approcher (j’ai seulement entendu leurs cris et grognements à une ou deux reprises pendant la nuit) c’est pourquoi je me suis rabattu sur un parc animalier, le Wings Wildlife tout près de Leven Canyon. J’ai trouvé le tarif un peu élevé (27$ à l’époque, 31$ en août 2023), d’autres alternatives seront peut-être moins onéreuses, mais j’ai pu y voir plusieurs diables et c’était bien l’essentiel pour moi !

C’est sur cette dernière visite que mon road trip en Tasmanie s’est achevé ! J’ai repris le ferry pour Melbourne le lendemain, avec d’excellents souvenirs en tête… et des centaines de photos sur ma carte mémoire ! Si un jour vous vous rendez en Tasmanie, j’espère que vous apprécierez autant le voyage que moi et que cet article et le précédent vous auront été utiles !

Entre Smithton et Arthur River, la route de Tarkine Drive vous permettra d’explorer agréablement encore un peu plus la campagne du nord-ouest tasmanien. Elle vous fera passer par des forêts, des rivières et des points de vue, avec aussi de courtes promenades à pied à plusieurs endroits.

Toujours du côté d’Arthur River, vous aurez l’embarras du choix entre de nombreux freecamps ! J’ai passé une nuit venteuse à Marrawah Green Point, tout près de la plage.

Sans aucun doute le campement que j’ai le plus aimé en Tasmanie : celui de Boat Harbour, entre Stanley et Wynyard, un vaste terrain face à la mer, au bord d’une superbe plage. J’ai en plus eu la chance d’y être au moment d’une « super Lune » et j’ai passé la moitié de la nuit dehors à admirer le ciel !

Enfin j’ai passé ma dernière nuit sur l’un des nombreux freecamps autour de la ville de Penguin, à seulement 40km de Devonport (idéal pour prendre le ferry le matin). J’ai opté pour celui de Sulphur Creek, qui a l’avantage d’avoir des toilettes publiques à 200m environ. Cerise sur le gâteau, j’ai pu profiter à la fois d’un joli coucher de soleil, et de la présence de quelques manchots venus s’abriter pour la nuit !

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