Road trip en Tasmanie

Un peu plus petite que l’Irlande, l’île de Tasmanie possède néanmoins une incroyable diversité de paysages. J’y ai passé deux semaines à bord de mon van en janvier 2018, avec l’impression de passer en quelques kilomètres du Canada à la Bretagne, de la Suisse au sud de la France, tout en restant toujours résolument ancré en Australie ! Entre nature, histoire, culture et gastronomie, voici le récit de mon road trip en Tasmanie avec tous mes bons plans sur les activités immanquables autour de l’île, sans oublier ma liste des meilleurs spots pour passer la nuit en van gratuitement !

Un peu d'histoire

Saviez vous que la Tasmanie était autrefois reliée à l’Australie ? Elle est devenue une île il y a « seulement » 10 000 ans, à la fin de la dernière ère glaciaire ! Les Aborigènes sont ainsi arrivés à pied il y a environ 40 000 ans. Pour voir la première trace d’un Européen, il a fallu attendre 1642 et le navigateur néerlandais Abel Tasman. Il appela ces nouvelles terres « Van Diemen’s Land » en l’honneur d’Anthony Van Diemen, gouverneur général des Indes orientales qui l’avait envoyé explorer cette partie du monde. Le nom fut changé en Tasmanie en 1856.

La colonisation européenne de la Tasmanie commença au tout début du 19e siècle. Craignant que les Français ne s’y installent, le gouverneur britannique de la Nouvelle Galles du Sud (à l’époque la seule implantation européenne en Australie) décida d’y envoyer une expédition. Hobart fut fondée en 1804, ce qui en fait la deuxième plus ancienne ville du pays après Sydney.

Aujourd’hui, la population de Tasmanie s’élève à plus de 500 000 personnes. C’est une destination de vacances très prisée des Australiens. Le meilleur moment pour s’y rendre est pendant l’été austral, entre décembre et février. L’idéal est fin janvier, lorsque les vacances scolaires australiennes se terminent. C’est aussi une destination hivernale populaire avec quelques stations de ski, mais je n’ai pas eu l’occasion de découvrir cet aspect de l’île !

Infos pratiques avant de partir en road trip en Tasmanie

Il existe deux options pour se rendre en Tasmanie depuis le continent australien. Soit l’avion (les principaux aéroports se trouvent à Hobart au sud et à Launceston au nord) soit le ferry entre Geelong près de Melbourne et Devonport sur la côte nord de l’île. C’est cette option que j’ai choisi. La traversée dure environ neuf heures et peut s’effectuer de jour ou de nuit, mais dans ce cas il faut inclure le prix d’une cabine. Avec un peu de chance vous verrez peut-être des dauphins sauter dans les vagues autour du bateau !

La Tasmanie est soumise à une très stricte quarantaine. Chaque véhicule sera examiné avant d’embarquer ! Il est formellement  interdit d’amener des fruits frais, des légumes, du miel, du poisson… (liste complète des produits acceptés ou interdits en anglais). Cela permet d’éviter que des maladies se répandent sur l’île, très fragile d’un point de vue écologique. La population de son animal fétiche, le diable de Tasmanie, a ainsi été réduite de 70% ces 30 dernières années à cause d’une tumeur faciale. Le tigre de Tasmanie est lui éteint depuis 1936.

Prévoyez au moins deux semaines si vous voulez faire le tour de l’île, mais un mois entier ne serait pas de trop ! C’est le paradis des randonneurs. Il y a des sentiers partout et le service des Parcs et de la Faune sauvage de Tasmanie a établi une liste des 60 plus belles balades de l’île (« 60 Great Short Walks« , lien en anglais, pdf téléchargeable ici). Bon à savoir également : l’entrée des Parcs Nationaux est payante et très chère. Vendu 89.50$ par véhicule (prix en août 2023), le « Holiday Pass » valable deux mois et qui donne accès librement à tous les Parcs est bien plus avantageux.

Enfin, pour en savoir plus sur les spécificités de la vie en van en Australie, n’hésitez pas à consulter mon article dédié !

Le nord-est de la Tasmanie

Je suis arrivé par le ferry à Devonport le soir du 19 janvier 2018. Au cours de la traversée, j’ai sympathisé avec deux Estoniennes, Karin et Marian, et un Belge, Sjoerd, et nous nous sommes mis d’accord pour voyager ensemble quelques jours. Pour sceller cette amitié naissante, notre première balade le lendemain fut pour découvrir quelques-uns des nombreux domaines viticoles du nord de la Tasmanie ! Il y en a plusieurs notamment à l’est de Devonport, près de la rivière Tamar. La plupart proposent des dégustations gratuites, dont nous avons profité… avec modération. Mon préféré : Holm Oak, un vignoble à l’écart de la route principale mais produisant d’excellents vins.

Direction ensuite George Town à l’embouchure de la rivière Tamar. C’est la deuxième plus ancienne colonie de Tasmanie et la troisième plus ancienne ville d’Australie. La vue depuis le phare de Low Head tout au bout de la route était jolie, et nous avons aussi au passage fait une rencontre surprenante avec un pingouin à l’air un peu revêche !

Le lendemain, nous avons continué vers l’est en passant par la cascade de St Columba (rando n° 49). Avec ses 90m c’est l’une des plus hautes de Tasmanie. Les quelques heures de route jusqu’à la côte nous ont ensuite donné un bon aperçu de l’extraordinaire diversité de l’île. Collines verdoyantes, vastes prairies, et même les restes de la forêt tropicale qui recouvrait autrefois toute l’île.

Nous avons fini par atteindre la splendide Bay of Fires sur le littoral nord-est de l’île. Son nom ne vient pas des lichens rouges et orangés qui recouvrent les rochers, mais des feux que les aborigènes allumaient près du littoral et que les explorateurs européens voyaient depuis leurs bateaux quand ils naviguaient au large. C’était mon coup de cœur de ce début de road trip en Tasmanie. J’ai beaucoup apprécié le cadre magnifique et apaisant de ces petites criques et plages désertes.

Pour aller plus loin et où dormir

A l’est de Launceston, le Parc National de Ben Lomond est constitué d’un plateau d’une altitude d’environ 1300m, avec un sommet qui culmine à 1572 m (Legges Tor, le deuxième point le plus élevé de Tasmanie). Les possibilités de promenade y sont nombreuses !

A mi-chemin entre George Town et Launceston se trouve Lilydale où vous aurez accès à un joli freecamp. Sur place, un espace grillades abrité, des toilettes et même une cheminée pour faire du feu, et à tout juste 10 minutes à pied deux jolies petites cascades. Et puis vous aurez peut-être la chance d’assister à un coucher de soleil aussi spectaculaire que celui auquel nous avons eu droit !

Au niveau de la Bay Of Fires, juste au-dessus de Binalong Bay se trouvent plusieurs campings rudimentaires. Ils sont tous gratuits, mais aussi très prisés. Nous y étions en haute saison, mais nous avons heureusement réussi à dénicher une place au bord de la plage. Nous nous sommes endormis bercés par le bruit des vagues…

La côte est et le Parc National de Freycinet

Après la Bay of Fires, nous avons longé la côte vers le sud sur une route splendide. Nous avons fait halte l’après-midi dans la petite ville de Bicheno pour y observer des « blow holes« . Ce sont des trous dans les rochers où les vagues s’engouffrent pour former de véritables geysers ! Toujours à Bicheno, nous nous sommes promenés sur la plage jusqu’à l’île de Diamond Island, reliée à la terre ferme à marée basse uniquement (attention, les courants sont puissants et très dangereux à marée haute). Nous y avons croisé un local qui nous a pris en sympathie et proposé de venir prendre l’apéritif chez lui. Finalement la soirée s’est prolongée très tard et il a nous a carrément invités à rester camper dans son jardin, ce qui semblait visiblement agacer son épouse…

Nous ne nous sommes pas attardés le lendemain matin, à la fois pour éviter d’occasionner une scène de ménage, mais aussi parce que nous voulions arriver le plus tôt possible au Parc National de Freycinet un peu plus au sud. C’est un lieu incontournable pour tout road trip en Tasmanie et les places de parking y sont rares ! La popularité du Parc est surtout due à la très belle Wineglass Bay, littéralement la « Baie du Verre de Vin ». Vue du ciel, sa forme arrondie suggère celle d’un verre à pied… On peut accéder à un superbe point de vue par un sentier en aller-retour (rando n°55). Nous avons opté pour une boucle plus longue (11km, 4h environ, rando n°56) passant au milieu de paysages magnifiques et au cours de laquelle nous avons croisé quelques « habitants » du Parc !

Toujours dans l’enceinte du Parc, nous avons aussi fait un crochet par Honeymoon Bay puis par le phare du Cap Tourville, là encore avec des panoramas de toute beauté…

…et puis c’est là que nos routes se sont séparées. Karin, Marian et Sjoerd voulaient rester une journée de plus dans la région, tandis que je poursuivais ma route seul vers le sud et la Péninsule de Tasman, à nouveau sur une « scenic road » le long de la côte entre Freycinet et Orford.

Si une journée suffit à avoir un bel aperçu du Parc National de Freycinet, il est aussi possible d’y rester plus longtemps pour parcourir les 30km du circuit de la Péninsule de Freycinet (lien en anglais). Un autre point de vue sur Wineglass Bay est également accessible au sommet du Mont Amos, mais le sentier qui y mène est très raide.

Juste avant Orford, prenez le ferry à Triabunna pour vous rendre sur Maria Island. Le ferry ne prend que des piétons et des cyclistes car les voitures sont interdites sur l’île. Vous pourrez y visiter l’ancienne colonie pénitentiaire de Darlington, inscrite au Patrimoine Mondial de l’Unesco, et y observer de nombreux animaux sauvages. Trois des « Great Short Walks » se trouvent sur cette île, les numéros 58, 59 et 60.

Pour dormir, vous pouvez faire comme moi et essayer de rencontrer un habitant de Bicheno qui vous invitera peut-être à passer la nuit dans son jardin ! Il existe sinon plusieurs freecamps proches du Parc National de Freycinet, une bonne option pour y être le plus tôt possible.

La Péninsule de Tasman

C’est probablement la région de Tasmanie que j’ai préférée tant les paysages y étaient spectaculaires ! Premier aperçu avant même d’arriver sur la péninsule, avec la vue sublime sur Pirates Bay depuis le Tasman Lookout, juste en amont de l’isthme d’Eaglehawk Neck qui la relie au reste de l’île.

En contrebas de ce point de vue, j’ai été saisi par la beauté géométrique des « Tesselated Pavements ». Une forme très rare d’érosion a créé ici des motifs parfaitement réguliers mais entièrement naturels. La main de l’homme n’y est pour rien ! Attention, cet endroit n’est visible qu’à marée basse.

Juste après Eaglehawk Neck, j’ai pris à gauche pour admirer deux autres sites exceptionnels. D’abord la très impressionnante Arche de Tasman dont on se demande comment elle peut tenir debout. Plus loin, les hautes falaises de Devil’s Kitchen, la Cuisine du Diable, au fond de laquelle viennent se fracasser les vagues dans un buit inquiétant…

De là j’ai poursuivi ma route vers le sud de la Péninsule. Je me suis d’abord arrêté pour visiter la grotte de Remarkable Cave, pas si remarquable mais dans laquelle on peut entrer à marée basse. J’ai ensuite continué sur une piste en gravier pendant une dizaine de kilomètres jusqu’au point de départ de ma randonnée préférée de mon road trip en Tasmanie, celle conduisant au Cap Raoul, point le plus méridional de la Péninsule de Tasman (14km aller-retour, 4 à 5 heures, rando n°6). Entre points de vue à couper le souffle, falaises à pic et colonie de lions de mer, cette promenade mérite vraiment largement le détour !

Le jour suivant, je suis revenu en arrière pour visiter le site historique de Port Arthur, un incontournable de la Tasmanie (également inscrit au Patrimoine Mondial de l’Unesco). Entre les années 1830 et 1860, des centaines de condamnés furent envoyés dans cette colonie pénitentiaire. Les conditions de vie y étaient particulièrement rudes et très peu eurent la chance de rentrer chez eux… L’entrée n’est pas donnée (47$, prix en août 2023) mais elle permet de se promener librement entre plusieurs dizaines d’anciens bâtiments très bien préservés. Une visite passionnante !

Dans l’après-midi j’ai visité un second site historique au nord-ouest de la Péninsule, gratuit celui-là : d’anciennes mines de charbon. Là encore, les vestiges permettent d’imaginer les conditions extrêmement précaires dans lesquelles les détenus devaient travailler… La rando n°2 permet d’en faire le tour.

Amateurs de randonnée haut de gamme, la « Three Capes Track » (Chemin des Trois Caps) est faite pour vous ! Pour parcourir ce sentier inauguré en 2015, il vous faudra débourser pas moins de 595$ (prix en août 2023). Sans oublier de réserver longtemps en avance car les places sont limitées ! Ce prix inclut une entrée sur le site historique de Port Arthur, où un bateau viendra vous chercher pour une croisière d’une heure et quart. Il vous déposera ensuite au début des 48km de sentier. Il s’effectue en 4 jours, avec trois « gîtes » très confortables sur le parcours. Un bus également compris dans le prix total vous ramènera enfin à Port Arthur.

Pendant mon road trip en janvier 2018, j’avais passé une nuit sur un petit camping très agréable juste à côté du sentier du Cap Raoul, le Raoul Bay Retreat, à seulement 10$ la nuit, sauna compris pour récupérer de la randonnée ! Malheureusement je découvre qu’il a fermé définitivement en 2020, je n’ai donc pas de bon plan camping à partager pour cette partie de la Tasmanie.

Hobart

Malgré son emplacement si loin des autres métropoles australiennes, Hobart est aujourd’hui une ville très dynamique, étape incontournable de tout road trip en Tasmanie. C’est notamment l’ouverture du célèbre et très particulier MONA (pour Museum of New and Old Art) en 2011 qui lui a valu une renommée internationale.

Le musée se trouve dans la partie nord de la ville, au bord de la rivière Derwent. Je m’y suis rendu par la route avec mon van, mais on peut aussi y accéder en ferry depuis le centre d’Hobart. La visite débute en descendant des escaliers en colimaçons pour pénétrer petit à petit dans les niveaux inférieurs du musée. C’est tout sauf une exposition classique. A l’intérieur de ce chef d’œuvre architectural, la plupart de ce qui est exposé est destiné à faire réfléchir, choquer, ou jouer avec les sens perceptions. C’est le genre d’endroits que l’on adore ou que l’on déteste. Je dois avouer que je suis personnellement resté assez sceptique devant un certain nombre des œuvres présentées…

De retour au centre d’Hobart, j’ai garé mon van sur un petit parking à côté de la plage de Short Beach. De là je suis monté à pied sur la colline de Battery Point, le cœur historique de la ville. J’ai beaucoup apprécié me promener dans ce quartier tranquille, le nez en l’air pour admirer les nombreuses maisons anciennes qui bordent ses rues. Je suis ensuite redescendu jusqu’au port pour faire le tour des bassins avant de retourner à mon van.

Le lendemain, samedi, c’était jour de marché ! J’ai passé un long moment à flâner dans l’immense Salamanca Market qui s’installe une fois par semaine sur la place du même nom.

En début d’après-midi, j’ai repris mon van pour monter sur le Mont Wellington (on peut aussi randonner jusqu’au sommet), qui surplombe la ville du haut de ses 1271m. Il offre une vue assez exceptionnelle sur les environs ! Attention toutefois au vent parfois très fort. La portière de mon van a failli s’arracher sous l’effet d’une violente bourrasque !

Si la visite du MONA n’a pas entièrement satisfait votre curiosité (ou si elle ne vous a pas plu !), vous pouvez aussi essayer le Tasmanian Museum and Art Gallery dans le centre de Hobart. Je ne m’y suis pas rendu moi-même mais il est parait-il très intéressant !

Tout au long de l’année, de nombreux festivals et événements ont lieu à Hobart. Les plus célèbres : le festival de musique et d’art du MONA, appelé le MOFO (contraction de MONA FOMA « Museum of Old and New Art: Festival Of Music and Art ») en janvier, et sa version hivernale en juin, le Dark MOFO. Mais à l’instar du MONA, ces événements sont aussi très particuliers et pas recommandés à tout le monde…

Lors de mon road trip en janvier 2018, il y avait une tolérance sur la présence des vans en ville à Hobart. J’ai passé deux nuits sur le petit parking à côté de Short Beach avec toilettes publiques à disposition sans que cela ne gêne personne. Un agent municipal qui faisait sa ronde m’avait même poliment salué au passage. Tant que vous ne faites pas de bruit et que vous respectez les lieux, tout devrait bien se passer !

Le sud de la Tasmanie

J’ai quitté Hobart en direction du sud le samedi après-midi, via la route côtière entre Kingston et Cygnet, beaucoup plus belle que l’autoroute directe jusqu’à Huonville. C’était à nouveau un régal de conduire sur cet itinéraire ! Peu avant Cygnet, j’ai fait un crochet par l’un des endroits au nom le plus étrange d’Australie : Eggs and Bacon Bay, la Baie des Œufs et du Bacon ! Mais en-dehors de cette appellation hors du commun, la plage en elle-même n’a rien d’extraordinaire.

Mon but était encore un peu plus loin : Cockle Creek, l’endroit le plus au sud de l’Australie qui soit accessible en voiture ! Il m’a fallu un assez long moment pour y arriver car la dernière partie de la route n’était pas goudronnée. Je ne voulais pas lancer mon van à toute vitesse sur cette piste en graviers, globalement bien carrossable mais avec quelques passages plus « mouvementés »… Tout au bout, après une vingtaine de kilomètres, c’est la fin de la route, « The End of the Road » comme le proclame un panneau en bois.

Pour aller plus loin, il faut marcher ! Le lendemain matin, je me suis engagé sur un le très beau chemin en direction de South Cape Bay depuis le campement de Cockle Creek. Il traverse successivement une portion de forêt tropicale puis de vastes plaines (rando n°9, 15km aller-retour, 4h environ). La splendide baie sur laquelle j’ai débouché se prolongeait en arc de cercle à ma gauche, jusqu’au South-West Cape, le Cap Sud-Ouest, le point le plus au sud de la Tasmanie… D’ici, j’étais plus proche de l’Antarctique que de Cairns au nord du Queensland !

En étant aussi loin au sud du globe, dans la zone des Quarantièmes Rugissants où les conditions climatiques sont réputées pour être rudes, je m’attendais à débarquer dans une région plutôt hostile. A ma grande surprise, j’ai en réalité découvert toute une série de plages paradisiaques ! Je me suis baigné avec plaisir dans l’eau étonnamment chaude et transparente. Un de mes coups de cœur de ce road trip en Tasmanie !

A Kettering, sur la route côtière entre Kingston et Cygnet au sud d’Hobart, vous pouvez prendre un bac pour traverser en une vingtaine de minutes le canal d’Entrecasteaux jusqu’à Bruny Island. Cette île se divise en deux parties distinctes, le nord plus petit et le sud plus vaste, séparées par un isthme très étroit, The Neck. Plus d’informations ici (lien en anglais).

Pour les vrais aventuriers, le sentier de la Côte sud (South Coast Track) est sans doute la randonnée la plus ardue de Tasmanie. Elle débute à Melaleuca, une localité tellement loin de tout qu’elle n’est accessible que par avion ou en bateau ! Tout au long des 85 km du circuit jusqu’à Cockle Creek il n’y a ni eau courante ni possibilité d’hébergement. Ce trek est donc réservé aux marcheurs vraiment aguerris. Plus de détails ici (lien en anglais).

A Cockle Creek se trouvent deux campings gratuits, très rudimentaires (pas d’eau courante, un seul WC) mais quel bel endroit ! Tous deux sont directement au bord de la plage, et le ciel nocturne y est tout simplement incroyable. Les deux étaient pratiquement complets à mon arrivée le samedi, mais ils se sont totalement vidés le dimanche, dernier jour des vacances scolaires australiennes !

Cradle Mountain

De tout mon séjour en Tasmanie, la journée au cours de laquelle j’ai quitté Cockle Creek et le sud pour remonter vers le nord aura été la seule avec une météo vraiment exécrable de bout en bout. Si je n’ai du coup pas pu profiter des paysages tout au long du trajet, j’ai au moins eu la chance que cela tombe le jour où j’avais prévu de faire le plus de route…

Cette météo variable est typique de la région de Cradle Mountain. Le temps y change extrêmement vite, et ce plusieurs fois par jour. A mon arrivée sur place le matin j’ai été accueilli par un beau ciel bleu. Vers midi il a commencé à pleuvoir. A 13 h il y avait du brouillard, puis à nouveau du soleil une heure plus tard avant le retour de la pluie à 15h. De la neige était même annoncée pour la fin de journée ! Les deux photos ci-dessous ont été prises le même jour, à seulement quelques heures d’intervalle.

Ces conditions climatiques changeantes n’empêchent pas le Parc National de Cradle Mountain d’être l’une des principales attractions touristiques de Tasmanie. J’ai du laisser mon van sur un vaste parking à côté du Visitor Centre à l’entrée du Parc, puis emprunter une navette gratuite jusqu’au point de départ des différents circuits de randonnée.

J’ai commencé par une petite promenade sur la rive de Dove Lake, un joli lac dominé par la silhouette déchiquetée de Cradle Mountain (rando n°29). J’ai ensuite pris un peu de hauteur en grimpant jusqu’au point de vue de Marion’s Lookout via Crater Lake (rando n°31), un sentier par endroits assez raide mais avec pour récompense un panorama extraordinaire ! Pour moi s’il ne devait y avoir qu’une seule randonnée à faire au Parc National de Cradle Mountain, ce serait celle-ci.

Pour finir, j’ai poursuivi ma marche jusqu’au sommet de Cradle Mountain (rando n°32). Si les sentiers que j’avais empruntés jusque-là étaient parfois assez difficiles, ils restaient malgré tout accessibles à tous. Ce n’est pas le cas de celui-ci. Certains passages sont pratiquement de l’escalade, sur des sections quasi-verticales ! A déconseiller si vous avez le vertige (la descente a été très difficile pour moi…). L’accès est d’ailleurs interdit en cas de pluie ou de neige. Cependant, là encore la vue à 360° depuis le sommet est sublime !

C’est l’un des treks les plus célèbres d’Australie, au cœur du Parc National de Cradle Mountain : l’Overland Track ! Il commence à Ronny Creek et se termine 65 km plus loin près du lac Saint-Clair, le lac le plus profond d’Australie. Entre le 1er octobre et le 31 mai il faut réserver et s’acquitter de 285$ pour le parcourir (prix en août 2023). Il est gratuit et sans réservation entre juin et septembre. Attention, pendant la très haute saison (janvier-février) le trek risque d’être complet plusieurs semaines à l’avance ! Retrouvez toutes les informations utiles ici (en anglais).

Si après tout cela vous n’avez pas encore assez marché, vous pouvez aussi explorer les “Walls of Jerusalem”. C’est l’un des Parcs Nationaux les plus isolés de Tasmanie. Aucune route n’y mène, il faut suivre une piste en graviers jusqu’à un parking en bordure du parc d’où partent les chemins de randonnée.

Au vu de l’affluence à Cradle Mountain, je vous recommande de passer la nuit le plus près possible du Parc pour y être tôt le matin. J’ai personnellement dormi sur un agréable freecamp à Tullah, au bord du lac Rosebery à une heure de route environ.

La côte du nord-ouest

Après avoir découvert la Bay of Fires, le Parc National de Freycinet, la Péninsule de Tasman et Cradle Mountain, je pensais que le nord-ouest de l’île ne parviendrait plus à m’émerveiller. Erreur ! Les derniers jours de mon road trip en Tasmanie dans cette région m’ont encore beaucoup plu. J’ai commencé par aller à l’extrême ouest, jusqu’au petit village d’Arthur River. Là se trouve un point de vue au nom éloquent : the Edge of the World, le Bout du Monde ! J’avais en effet l’impression que la Terre s’arrêtait ici en contemplant cette côte déchiquetée et ouverte à tous les vents.

Spectacle tout aussi impressionnant un peu plus loin à Bluff Point, où les vagues s’écrasaient sur les rochers dans une explosion d’écume…

J’ai ensuite progressivement commencé à revenir vers l’est en direction de Devonport et du ferry retour. Premier arrêt : Stanley et sa fameuse « Nut », la Noix, un énorme rocher d’origine volcanique qui semble posé là, 150m au-dessus de l’océan ! Un petit télésiège mène au sommet, mais j’ai préféré y monter à pied sur un chemin très raide. La promenade qui en fait le tour (rando n°34) offre de belles vues sur les alentours.

Seconde halte trente kilomètres plus loin à Rocky Cape, le plus petit Parc National de Tasmanie. Je n’y suis pas resté très longtemps, juste le temps de faire une petite balade jusqu’à deux grottes anciennement habitées par des Aborigènes et de conduire jusqu’au phare pour profiter du beau paysage.

Trente kilomètres de plus et je suis arrivé à Table Cape près de la ville de Wynyard. Cet autre promontoire rocheux a la même origine volcanique que la « Nut » de Stanley. De vastes champs de tulipes entourent le phare à la pointe du cap. Le spectacle est particulièrement beau en octobre lorsqu’elles sont en fleurs. Insolite : la production est si importante que des bulbes de tulipes sont même exportés au Pays-Bas !

J’ai ensuite fait ma dernière incursion à l’intérieur des terres jusqu’au Canyon de Leven, une gorge assez impressionnante. On peut l’admirer depuis deux points de vue spectaculaires, reliés par une petite boucle pédestre (rando n°36). Attention, il n’y a pas moins de 697 marches sur le parcours. Il vaut mieux commencer par le Cruickshanks lookout et suivre la boucle en sens inverse des aiguilles d’une montre pour descendre les marches plutôt que de les monter.

Enfin, que serait un road trip en Tasmanie sans voir son habitant le plus célèbre, le diable de Tasmanie ? Malheureusement cet animal emblématique de l’Australie souffre d’une tumeur faciale extrêmement meurtrière et leur population décline rapidement. J’espérais en voir dans la nature mais ils sont très difficiles à approcher (j’ai seulement entendu leurs cris et grognements à une ou deux reprises pendant la nuit). C’est pourquoi je me suis rabattu sur un parc animalier, le Wings Wildlife tout près de Leven Canyon. J’ai trouvé le tarif un peu élevé (27$ à l’époque, 31$ en août 2023), mais j’ai pu y voir plusieurs diables et c’était bien l’essentiel pour moi !

C’est sur cette dernière visite que mon road trip en Tasmanie s’est achevé ! J’ai repris le ferry pour le continent le lendemain, avec d’excellents souvenirs en tête… et des centaines de photos sur ma carte mémoire ! Si un jour vous vous rendez en Tasmanie, j’espère que vous apprécierez autant le voyage que moi et que cet article vous aura été utile !

Entre Smithton et Arthur River, la route de Tarkine Drive vous permettra d’explorer agréablement encore un peu plus la campagne du nord-ouest tasmanien. Elle vous fera passer par des forêts, des rivières et des points de vue, avec aussi de courtes promenades à pied à plusieurs endroits.

Toujours du côté d’Arthur River, vous aurez l’embarras du choix entre de nombreux freecamps ! J’ai passé une nuit venteuse à Marrawah Green Point, tout près de la plage.

Sans aucun doute le campement que j’ai le plus aimé en Tasmanie : celui de Boat Harbour, entre Stanley et Wynyard, un vaste terrain face à la mer, au bord d’une superbe plage. J’ai en plus eu la chance d’y être au moment d’une « super Lune » et j’ai passé la moitié de la nuit dehors à admirer le ciel !

Enfin j’ai passé ma dernière nuit sur l’un des nombreux freecamps autour de la ville de Penguin, à seulement 40km de Devonport (idéal pour prendre le ferry le matin). J’ai opté pour celui de Sulphur Creek, qui a l’avantage d’avoir des toilettes publiques à 200m environ. Cerise sur le gâteau, j’ai pu profiter à la fois d’un joli coucher de soleil, et de la présence de quelques manchots venus s’abriter pour la nuit !

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